Penser la violence des femmes

Théâtre national de Strasbourg - Entrée Marseillaise, Salle Hubert Gignoux • Placement libre – Assis
1h30

Intervenante Coline Cardi (maîtresse de conférences en sociologie et anthropologie à l’université de Paris 8)
Modératrice Mathilde Darley , chargée de recherche CNRS, le CESDIP (centre de recherche des sociologies sur le Droit et les Institutions pénales)

Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides... Qu’y a-t-il de commun entre toutes ces figures ? Pour le comprendre, il importe de sortir de ce double mouvement, en apparence paradoxal, qui, d’un côté, fait de la violence du sexe faible un tabou, passant sous silence des pratiques pourtant récurrentes, ou qui, de l’autre, hypertrophie cette violence pour en stigmatiser la démesure. Penser la violence des femmes, c’est questionner les rapports sociaux de sexe et, au-delà, la place du pouvoir de violence, inégalement réparti, dans le maintien de l’ordre social. L’enjeu est à la fois politique et épistémologique. C’est ce qu’on montrera à travers l’analyse transversale des mises en récit typiques de la violence des femmes, récits performatifs qui visent à produire, à réaffirmer ou au contraire à bouleverser la différence des sexes. En creux, on perçoit combien les femmes qui revendiquent l’accès au pouvoir de violence peuvent être dangereuses en tant qu’elles brouillent les frontières de genre, frontières que la société, en distribuant de manière inégalitaire ce pouvoir, contribue à produire et à préserver.