Quand serons-nous enfin réuni·es ?

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© Abdesslam Mirdass

Quand Hatice Özer est venue présenter son spectacle Le Chant du père au TnS, elle est allée faire le tour des kebabs de Strasbourg pour trouver du public. Elle m’a dit : « Je ne pouvais pas m’imaginer jouer ce spectacle sans que dans la salle il y ait des turcophones ». 

La plupart des artistes qui sont dans cette saison ont cette préoccupation chevillée au corps : à qui vais-je m’adresser ? Car c’est au cœur de cette question que leur geste artistique trouve sa nécessité. 

Qui sera dans nos salles ?

C’est une question vieille comme le monde, mais aujourd’hui, les réponses sont différentes, car les artistes ne dissocient plus : il n’y a pas le public d’un côté et le geste artistique de l’autre, il n’y a plus la sacralisation de nos plateaux et le public instruit qui regarde. Il y a une vision de part et d’autre.

Car évidemment, on la sent la question qui brûle : quand serons-nous enfin réuni·es ?  

Ce lieu, ce théâtre, qui prend place dans notre société comme un besoin inconditionnel, à qui est-il destiné ? Aux créateur·rices, au public qui l’aime et qui l’habite, et à toutes celles et ceux qui ne l’ont pas encore rencontré. 
Alors, cher public, cher·e amoureux·se de longue date, dis à celles et ceux qui n’y sont pas qu’ici nous les cherchons. Dis à celles et ceux qui n’y sont pas qu’il n’est pas improbable qu’ici nous parlions les langues de leur enfance, et que par tous les moyens nous tenterons d’être à la hauteur de leur première fois. Et que ça, ce sera une fête pour nous de les recevoir, car ici est un lieu que nous avons en commun, un lieu qui n’a de sens que si nous le partageons, vraiment. Alors à celles et ceux qui le découvrent maintenant, et à celles et ceux qui y arriveront plus tard, les équipes du TnS vous présentent cette saison 24-25 avec l’émotion d’un fol espoir.