Gros comme une tagne-mon
Création sonore par les élèves dramaturges du Groupe 48.
La Suisse est un pays neutre et paisible. C'est aussi un des pays avec le taux de détention d'armes le plus élevé par citoyen. Les paysages y sont magnifiques, mais ils dissimulent des bunkers et des protection anti-chars. Nous avons grandi en Suisse, alors nous savons qu'il fait bon y vivre. Nous savons aussi que ses banques hébergent les capitaux en fuite et les fonds des criminels de guerre. On pourrait croire à une contrée inventée de toutes pièce, tout comme son héros national. Mais sa frontière se situe à 120km au sud de Strasbourg. Le mystère est là, au milieu du paysage, gros comme une tagne-mon.
« RIEN N'ARRIVE. Après avoir pris mon café, je m'approchai de la fenêtre et je regardai dehors. Bien souvent, dans mes minutes de désœuvrement, j'avais ainsi contemplé la rue sans rien y voir de remarquable. Mais, cette fois, au bout de quelques secondes, le spectacle que j'avais sous les yeux me fascina. Je sentais confusément l'importance capitale de ce que je voyais. L'erreur fondamentale de toute ma vie m'apparaissait. J'étais ému comme si la Vérité allait enfin illuminer mon esprit : LA RUE, PRESQUE DESERTE, ETAIT TRANQUILLE ; IL NE S'Y PASSAIT RIEN D'EXTRAORDINAIRE. [...] Mais j'étais prodigieusement intéressé parce que, pour la première fois, je contemplais avec attention LE COURS DE L'HISTOIRE. Le cours de l'Histoire est d'une lenteur désespérante. [...] Pour voir le monde se transformer, il faudrait rester deux milles ans à sa fenêtre. Ne comptons pas sur le renouvellement du spectacle et tâchons d'être sensibles à la beauté de ce que nous voyons tous les jours. Ou bien, sachons aimer ce que nous ne verrons jamais.» - Henri Roorda, Le roseau pensotant