Défricher de nouveaux territoires de théâtre

Entretien avec Dan Artus - Acteur et responsable de la section Jeu de l'École du TnS
Quand on va là où on a envie d’aller, on finit par rencontrer les bonnes personnes pour nous.
Dan Artus et des eleves du 49 © Teona Goreci
Dan Artus et des élèves du Groupe 49 © Teona Goreci

Peux-tu nous raconter ton parcours de théâtre ?

Je suis originaire d’un petit village du sud de la France et issu d'une famille de la classe moyenne, pas du tout tournée vers la culture, le spectacle vivant et tout ça. Mais, il se trouve que j'avais une grande sœur qui suivait des cours de théâtre. Moi, à la base, je pratiquais le tennis en sport-études, puis j'ai été blessé et j'ai dû tout arrêter. C'est à cause de la dépression qui s’en est suivie que j'ai démarré le théâtre. En fait, c'est ma sœur qui m'a traîné à un cours.

Le fait de travailler aujourd’hui au TnS me ramène vraiment à mon propre parcours.

J'ai donc commencé le théâtre assez tard, vers 18-19 ans. Mais, tout de suite, ça m'a passionné. Après avoir débuté dans un petit cours, je suis rentré au conservatoire de Montpellier. En classe d'initiation, avec deux ateliers par semaine, et je faisais des études d'histoire, en parallèle. 

À un moment donné, j'ai décidé de passer les concours. Il y avait une école dont on parlait beaucoup à l'époque et qui démarrait à peine, c'était la formation du Théâtre National de Bretagne. On entendait beaucoup parler de la première promotion, les Lucioles. Alors, j’ai décidé de passer le concours d’entrée au TNB, au Conservatoire et au TnS. La première école qui m’a retenu, c’était celle du TNB et j'ai fait Rennes. J'ai passé trois ans là-bas. Et c’était très différent du milieu où j’avais grandi : un gros théâtre, une école à l’intérieur d’un théâtre ... Le fait de travailler aujourd’hui au TnS me ramène vraiment à mon propre parcours.

Quand je suis arrivé à Rennes, je me souviens du premier atelier qu’on a fait. On était restés pendant une quinzaine de jours à la table, j’ai failli arrêter complètement le théâtre. Il y avait une grosse différence entre ce que j’avais projeté et la réalité du théâtre, de sa pédagogie. J’essaie de me souvenir de cela parce que les jeunes qui entrent dans les écoles viennent de tous horizons ... Moi, à l’époque, je ne connaissais pas tous les grands noms du théâtre, tous les metteurs en scène. J’ai appris sur le tas, comme on dit.

Et, pendant mes études, j’ai fait des grandes rencontres. Parce que, comme au TnS, il y avait des spectacles, la présence des metteur·ses en scène de la programmation et de nombreuses occasions pour les élèves de nouer des contacts. Après Rennes, je suis allé à Paris, et j'ai retrouvé un metteur en scène ukrainien avec lequel j’avais travaillé à l'école. J'ai aussi fait plein de petits boulots. Quand je suis allé en Ukraine pour rejoindre le metteur en scène, je ne savais pas combien de temps j’allais rester, et finalement j’ai passé quasiment un an là-bas. Je me suis trouvé dans un milieu professionnel et dans une langue que je ne connaissais pas, mais j’ai côtoyé des artistes incroyables. Je gagnais 20 $ par mois, c'était 11 ans après la Chute du mur. J'ai travaillé aussi avec une troupe hongroise.

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