Les Disparitions, ou Tandis que le monde brûle.

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Jean-Louis Fernandez
Espace Klaus Michael Grüber • Placement libre – Assis
2h30

« Les écrans ont disparu, mais les yeux des êtres humains sont devenus à leur tour des écrans. » – en tâchant de suivre à la lettre ce constat, tiré du début de la pièce, nous y trouvons plus que la seule métaphore d’un monde – le nôtre – envahit par les interfaces. En choisissant de traiter l’espace comme un dispositif optique démultiplié, notre hypothèse est que les regards sont devenus pareils aux objets qu’ils contemplent, ils ont été dépossédés de toute subjectivité. Plus aucun soulèvement ne s’imprime au fond de nos yeux, qui s’apparentent à des canaux dans lesquels transitent des débris morcelés de corps, toujours plus disciplinés par la grammaire accélérée du plaisir et de l’échange. La dernière voie politique serait-t-elle alors celle d’un regard parvenu à se saisir à nouveau de sa subjectivité propre ? Le surgissement d'un regard animal, horizon inquiétant et extérieur de la vision humaine, ou encore l'expérience d'une immense frustration vont devenir pour les personnages autant de moment suspendus et hors-temps, de méditations froides sur leurs capacités. A la fin ils disparaissent, et ces disparitions successives participent alors d'un mouvement affirmatif et viscéral, dernière tentative pour mettre en crise, en le clivant, le monde entier, toujours en train de se consumer dans le brasier invisible des images.  

Mise en scène Ferdinand Flame
Dramaturgie Hugo Soubise
Scénographie Lisetta Buccellato
Costumes Clémence Delille
Régie générale, plateau Marco Hollinger
Son Lisa Petit de la Rhodière
Lumière, vidéo Germain Fourvel
Belén Perini (EMAD, Montevideo, Uruguay)

Avec
Daphné Biga Nwanak Audrey
Clémence Boissé Moïra
Paul Fougère Wilbur
Alexandre Houy-Boucheny Joachim
Ysanis Padonou Kathalyn
Florian Sietzen Dimitri
 

Christophe Pellet est auteur, scénariste, réalisateur et performeur. Sa pièce Erich von Stroheim, publiée en 2006, a été créée par Stanislas Nordey et présentée en janvier 2017 au TNS. Il vient de réaliser son premier long - métrage, Aujourd'hui rien, d’après les journaux intimes de Cesare Pavese et Jean-Luc Lagarce. L'écriture poétique et cinématographique de Christophe Pellet interroge la possibilité de s'émanciper des images et des normes pour construire une relation à soi, à l’autre et au monde

- 05.03.19 | Les Inrocks
- 05.03.19 | Balagan - Blog de JP Thibaudat