À qui souhaiteriez-vous absolument adresser votre spectacle ?

La plupart des artistes qui sont dans cette saison ont cette préoccupation chevillée au corps : à qui vais-je m’adresser ? Car c’est au cœur de cette question que leur geste artistique trouve sa nécessité.
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©Abdesslam Mirdass

Qui sera dans nos salles ? C’est une question vieille comme le monde, mais aujourd’hui, les réponses sont différentes, car les artistes ne dissocient plus : il n’y a pas le public d’un côté et le geste artistique de l’autre, il n’y a plus la sacralisation de nos plateaux et le public instruit qui regarde. Il y a une vision de part et d’autre.
 

Ainsi nous avons posé la même question aux artistes programmés cette saison : à qui souhaiteriez-vous absolument adresser votre spectacle ? Voici leur réponse !

  • « Que la salle reflète le monde que j’habite. »
    Dorothée Munyaneza, pour Inconditionnelles
  • « Je souhaiterais prioritairement adresser ce spectacle à celles et ceux qui ont entre 17 et 25 ans (fascistes ou pas). Mais étant moyennement pour l’exclusion, je veux bien m’adresser aux plus de 25 ans (mais qu’ils ne soient pas trop fascistes, si c’est possible. Maximum 3,5 sur une échelle de 1 à 10). »
    Éric Feldman, pour On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie
  • « A tou·tes celles et ceux qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade. »
    Collectif FASP, pour Beretta 68
  • « À toutes celleux qui ont encore une chance de vivre tel qu’iels le souhaitent. Des jours meilleurs viendront. »
  • « À tous les cassos et les malades mentaux que j’ai croisés. Parfois je me dis que vous êtes la seule vraie famille que j’ai eue. Mon seul sang. »
    Laurène Marx, pour Un temps soi peu et Je vis dans une maison qui n’existe pas
  • « J'aimerais adresser ce spectacle aux français·es, aux occidentaux de toutes origines ethniques, tou·tes concerné·es par notre histoire coloniale et en particulier aux personnes africaines et afro-caribéennes pour qui ce spectacle a été écrit en hommage à nos ancêtres, grands-parents et parents. »
    Marvin M’Toumo, pour Rectum Crocodile
  • « A tous ceux qui pensent qu’il y a quelque chose qui cloche en eux… »
    Camille Cottin, pour Le Rendez-vous
  • « Je pense que le pouvoir de Cécile réside notamment dans le fait que la pièce s'adresse à qui en veut, je veux dire à qui est preneur, qui veut se laisser prendre dans les récits et la présence de Cécile sur scène, qui arrive à s'identifier et aussi simplement à partager ce qu'elle a envie de raconter et de donner. J'espère que les spectateurs repartent riches d'un bout de son appétit de vivre, parce que c'est aussi ce qui nous en donne, à moi, à Cécile, à toute l'équipe. Mais s'il s'agit de l'adresser absolument, ça n'engage que moi, mais je dirai à mon frère Michaël, mort, assassiné dans un hôpital psychiatrique, après quelque chose comme 20 ans de traitements odieux dans ces institutions. Je pense qu'il aurait bien rigolé. »
    Marion Duval, pour Cécile
  • « Pour les gens qui aiment quand ça s'arrête de jouer. » 
    Joël Pommerat, pour Marius